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Retour sur la conférence sur le prix de l’électricité/comment faire baisser sa facture

Prix electricité Alain Moissonnier
Ce lundi 20 novembre, Alain Moissonnier (herbigeois, ancien ingénieur EDF et spécialiste des questions d’énergie) est venu nous proposer un éclairage sur la flambée du prix de l’électricité et sur les mécanismes qui régissent le calcul de ce prix.
alain
Il nous a expliqué comment la création du marché unique européen de l’électricité, qui devait faire baisser les prix par la concurrence (libéralisation), combinée à la lourde défaillance du parc nucléaire français et les restrictions gazières russes ont conduit à la catastrophe tarifaire actuelle (et qui va mécaniquement se prolonger plusieurs années). Merci à Alain pour cette présentation très intéressante.
Ci-après le résumé de la présentation. Pour celles/ceux qui étaient présent(e)s à cette conférence ou qui connaissent déjà le sujet, vous pouvez aller directement à la section concernant les solutions d’économies d’énergie en cliquant ici.
 
Résumé :
 
On produisait en France en 2018, 550TWh électriques. Entre 2022 et 2018 il y a eu un déficit d’environ 110TWh de nucléaire français. Cette électricité manquante a été remplacée par des productions issues de centrales à gaz (allemandes en particulier) ; gaz importé de Russie, qui a fermé les robinets. Le prix du kWh a alors flambé.
 

Marché de gros/marché de détail

Il existe deux marchés distincts : le marché de gros et le marché de détail. Le marché de gros est le marché où l’électricité est vendue par les producteurs et achetée par les fournisseurs avant d’être commercialisée sur le marché de détail. Le marché de détail est le marché auquel les consommateurs (particuliers et professionnels) ont accès.

Le marché de gros

Les prix marchés européens sont calculés chaque heure par un algorithme et sont basés sur le coût de production de la dernière source d’électricité mobilisée pour répondre à la demande, souvent les centrales au gaz. Comme ces dernières sont « mécaniquement » très chères, ceci signifie que tous les producteurs européens (centrales hydrauliques, renouvelable, nucléaire) vendent sur le marché au prix (très) fort alors que leurs coûts de production sont beaucoup plus faibles et sans aucun lien aucun avec le prix du gaz ! Ainsi depuis de nombreuses années les prix de l’électricité en Europe sont ainsi artificiellement tirés vers le haut du simple fait d’un algorithme et de la flambée des cours du gaz liée à la baisse drastique des livraisons gazières russes à l’Europe. Cette mécanique infernale est amplifiée par le déficit de production du nucléaire français. Résultat : C’est le jackpot pour les producteurs et leurs actionnaires, dont l’Etat Français (on parle de dizaines de milliard d’euros par an…) mais la catastrophe pour les consommateurs. Comme si ce n’était pas suffisant, l’Etat Français a rajouté une deuxième peine.

Le marché de détail

Depuis la création d’EDF en 1946 les consommateurs étaient protégés grâce aux tarifs réglementés (tarif bleu, jaune et vert) déterminés par l’Etat et calculés par empilement des coûts (production, transport, distribution, …). Mais le marché européen a cassé cette logique en 2017. D’une part le tarif réglementé de vente (TRV) n’existe plus que pour les petits consommateurs (tarif bleu). D’autre part son mode de calcul a changé pour s’appuyer en partie sur les prix de marché (augmentation de 106% entre 2018 et 2022 sur la part énergie de la facture au lieu d’environ 66% seulement avec l’ancienne méthode). Pourquoi ? Les nouveaux fournisseurs n’étant pas ou très peu producteurs, ils s’approvisionnent en partie sur le marché. Ils bénéficient aussi d’un volume d’énergie très significatif et très peu cher qu’EDF est obligée de leur vendre à perte (100TWh/an) grâce au dispositif de l’ARENH (Accès régulé au nucléaire historique). Malgré tout, leurs offres n’étant pas compétitives vis-à-vis du TRV, l’Etat a augmenté les prix des tarifs réglementés ! Le monde à l’envers !
Ainsi, vouloir tout « financiariser » en gérant par des outils de marchés (gré à gré ou bourse), à l’échelle de plusieurs pays, le commerce d’un produit non stockable, où chaque seconde la production doit être strictement égale à la consommation, est d’une complexité délirante et a pour conséquence de faire peser sur les consommateurs des augmentations colossales.


Perspectives

L’ARENH ainsi que les TRV restent les deux seuls outils qui ont permis de limiter des augmentations de prix en France pour les petits consommateurs. Mais à partir de fin 2025 l’ARENH va disparaitre, au profit d’une tarification tout marché complété par un mécanisme de prix à « butée moyenne garantie sur 15 ans». L’UE a décidé de conserver la mécanique infernale actuelle de détermination des prix de marché européen et les évolutions récentes proposées ne constituent qu’un nouvel emplâtre sur la jambe de bois.

Plus qu’un problème d’argent…

L’augmentation des prix n’est pas le seul problème actuel. Avec la faible production nucléaire et hydraulique et le renchérissement du gaz naturel, les émissions de CO2 liées à la production d’électricité augmentent également. C’est une situation à contre-courant des actions qu’il faudrait prendre pour respecter l’accord de Paris ! La demande massive d’électricité que va engendrer le tout-électrique (électrification promise des mobilité , du chauffage, etc. ) va créer de grosses tensions. Il n’y en aura sans doute pas pour tout le monde.
 



Les propositions pour faire face à cette hausse de l’électricité qui va se poursuivre :

  • Consommer moins, isoler son logement, installer un chauffe-eau solaire, utiliser des dispositifs de programmation, thermostats, connectés avec commande à distance performants, remplacer ses radiateurs grille-pain par une pompe à chaleur, et, quand on peut, produire soi-même un peu de son électricité (autoconsommation sur panneaux solaires, individuelle et collective)
  • Contractualiser avec des prestataires d’effacement (de consommation électrique qui permettent de réduire un peu vos factures). Voir ci-dessous le dispositif de la Métropole
  • Contractualiser avec des fournisseurs hors marché comme EnerCoop qui produit et fournit de l‘électricité 100% renouvelable
  • Créer un groupement d’achat pour traiter directement avec un producteur (PPA) via un fournisseur

 

Une solution pour faire réduire vos factures : le dispositif d’effacement proposé aux habitants de la Métro

La métropole de Grenoble propose à ses habitants de réduire leurs factures d’électricité grâce à des thermostats qui permettent d’optimiser sa consommation de chauffage : c’est la solution de Voltalis (partenaire de Grenoble Alpes Métropole) proposée gratuitement à tous les ménages et les professionnels.

Ce petit boitier discrètement accolé aux radiateurs électriques permet de piloter à distance (ou à domicile) grâce à une application mobile, chacun des radiateurs de sa maison et de mieux maîtriser sa consommation électrique. Mais il a un autre avantage. En cas de risque de délestage, notamment en hiver, des coupures de courte durée effectuées par Voltalis permettent de soulager le réseau, pour réduire la consommation nationale au bon moment. Ces coupures sont transparentes pour l’usager.

thermostat voltalis

En modulant les équipements électriques les plus énergivores (le chauffage et la production d’eau chaude) aux moments où le système national en a besoin, ce thermostat permet aux ménages de diminuer leur consommation et leur facture énergétique tout en participant à la transition énergétique. Sur l’année, cela peut représenter jusqu’à 15% d’économies d’énergie pour les foyers équipés.

Pour vous renseigner auprès de Voltalis : 04 56 60 87 47 ou par mail : contactgam@voltalis.com

Site web Voltalis : https://www.voltalis.com/faq/a-quoi-sert-le-boitier-voltalis

Toutes les infos sur le site de la Métro : https://www.grenoblealpesmetropole.fr/actualite/184/45-un-thermostat-connecte-pour-faire-des-economies-d-energie.htm

 

Le Service MétroEnergies

D’autres outils pour réguler sa consommation d’énergie sont mis en place par la Métropole, comme le service public en ligne Métroénergies, animé par l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat, qui permet de suivre sa consommation d’électricité et de gaz en temps réel, et donne
des conseils personnalisés.

Note :
AREHN : Accès régulé au nucléaire historique.
TRV : tarifs réglementés de vente.
kWh: kilowattheure.
TWh : 1 milliard de kWh.
PPA : Power Purchase Agreement.

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