C’est ce que montre une récente étude du Guardian qui met en évidence l’impact de l’augmentation du poids des véhicules (thermiques et électriques) qui a pour conséquence de projeter davantage de particules par l’usure des pneus sur la route.
Selon les essais menés par des chercheurs, l’usure des pneus serait 2.000 fois plus nocive que les particules présentes dans les gaz d’échappement.
En effet, les pneumatiques produisent plus d’une tonne de particules ultrafines par kilomètre parcouru, des particules inférieures à 23 nanomètres. Les pneus usagés produisent 36 milligrammes de particules chaque kilomètre, soit 1.850 fois plus que la moyenne des gaz d’échappement (0,02 mg/km). Concernant les pneus neufs, les analyses font état de 73 mg/km, et si l’on se réfère à une conduite « agressive » mais tolérée, les émissions de particules peuvent grimper à 5.760 mg/km.
Ces particules polluent l’air, l’eau et le sol Elles contiennent des centaines de produits chimiques, y compris des substances cancérigènes connues. Ces particules sont particulièrement préoccupantes pour la santé, car leur taille leur permet de pénétrer dans les organes par la circulation sanguine. Comme le mentionne Nick Molden de la société Emissions Analytics, qui a mené les recherches, le taux d’usure des différentes marques de pneus varie considérablement et la teneur en produits chimiques toxiques varie
encore plus.L
Les voitures électriques aussi émettent beaucoup de particules fines
Une étude qui donne à réfléchir alors que les constructeurs automobiles développent de plus en plus de véhicules hybrides ou électriques. Pour lutter contre le réchauffement climatique et réduire à zéro les émissions de CO2, l’Union européenne vient d’acter la fin des moteurs thermiques à partir de 2035. Une mesure qui doit bénéficier « aux citoyens en réduisant les dépenses énergétiques et en améliorant la qualité de l’air ».
Contrairement aux véhicules thermiques, les voitures électriques n’émettent effectivement ni oxydes d’azote, ni dioxyde de carbone, ni composés organiques volatiles lorsqu’elles roulent. Mais, elles émettent une quantité importante de particules fines du fait du poids important de leurs batteries, qui contraint les constructeurs à utiliser des pneus plus larges. Les résultats de cette étude britannique confortent ceux de l’étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publiée fin avril.
Cette dernière montrait qu’il n’existe pas un « un écart significatif » entre les émissions de particules des véhicules électriques les plus autonomes (et donc les plus lourds) et les véhicules thermiques récents dotés de filtres à particules. Les particules émises par l’abrasion des pneus, le contact des roues sur la chaussée ou encore les systèmes de freinage sont devenues « largement prépondérantes » par rapport à celles émises par les gaz d’échappement. Comme le précise l’Ademe, grâce à leur système de « freinage régénératif » (qui transforme en électricité l’énergie dissipée lors des freinages), les véhicules électriques émettent cependant moins de particules de frein que les véhicules thermiques.
Pas de réglementation pour les pneus
Il n’existe actuellement aucune réglementation sur le taux d’usure des pneus et peu de réglementation sur les produits chimiques qu’ils contiennent. Du coup, très peu de solutions technologiques sont proposées pour les réduire. Pourtant, comme le mentionne un chercheur britannique, il est possible d’apporter des changements peu coûteux pour réduire leur impact environnemental : « Vous pourriez faire beaucoup en éliminant les pneus les plus toxiques ».