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Masques jetables : une nouvelle plaie pour l’environnement

Masques jetables

Ils font partie de notre quotidien depuis bientôt 2 ans et la reprise épidémique de cet hiver laisse présager qu’il va falloir les porter encore longtemps.
Au début de la crise, la possibilité que les masques et gants jetables deviennent des polluants qui touchent le monde entier n’était pas d’actualité. Les équipements de protection individuelle (EPI) étaient devenus essentiels afin de freiner la propagation du virus. Leur production a explosé et aujourd’hui, ils se sont inévitablement transformés en tonnes de déchets.
En France, à raison de 2 masques jetables par personne et par jour, c’est en moyenne 400 tonnes de matières plastiques qui rejoignent quotidiennement les poubelles ou pire jonchent les trottoirs, les parkings de supermarché et même nos chemins de campagne.
Chaque mois dans le monde, c’est 129 milliards de masques qui sont jetés par mois soit 3 millions de masques utilisés chaque minute ! Ils finissent en grande partie dans les cours d’eau et les rivières qui les déversent dans les océans. On les retrouve sur toutes les plages du monde.

Encore du plastique

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, les masques chirurgicaux ne contiennent aucune fibre textile mais sont fabriqués à partir de plusieurs fibres plastiques, en majorité du polypropylène. Ces matières subsisteront dans la nature pendant des décennies voire des siècles. Elles se décomposeront en fragments de microplastique et de nanoplastique de plus en plus petits.

C’est un fléau qui impacte lourdement les biotopes, les animaux et par ricochet la santé humaine.
Les masques jetables asphyxient la flore marine et menacent les poissons. On recense des milliers de cas d’oiseaux morts, les pattes entremêlées dans les élastiques des masques. On a même observé des oiseaux utilisant des masques pour faire leur nid ! 

Des masques ont également été retrouvés dans le ventre des chauves-souris, renards et hérissons

 

oiseau masque
Animal Biology 71, 2 (2021) ; 10.1163/15707563-bja10052

Des solutions de recyclage ?

En France, ces déchets ne font pas l’objet d’une collecte généralisée. La plupart des municipalités ne disposent pas d’un système de recyclage pour les masques. Ils ne doivent  pas être jetés avec les autres plastiques, d’abord pour des raisons sanitaires – ils peuvent être contaminés – mais aussi parce qu’ils contiennent un mélange de papier et de polymères et de métal.
Mais depuis quelques mois , quelques start-up proposent de recycler ces masques . Ainsi  Plaxtil (Vienne),  Versoo (Maine-et-Loire) et d’autres proposent  aux entreprises et collectivités un service de collecte et de recyclage de tous leurs masques usagés. Les masques sont placés en quarantaine pendant quelques jours puis sont décontaminés grâce à un tunnel de rayons ultraviolets. Ils sont transformés en granulés pour être ensuite fondus en  petits objets en plastique  : kits scolaires de géométrie, support de visière,… De nombreuses villes sont désormais équipées de ces bacs de collecte et reçoivent en échange des équerres, règles et rapporteurs pour leurs écoliers.

En Isère, au Touvet et à Corenc les municipalités ont décidé de sauter le pas. Des collecteurs ont été installés dans ces communes dans les lieux ouverts au public.
L’avantage de ces collectes c’est qu’elles permettent d’éviter la dispersion dans la nature de ces déchets nocifs et qu’elles peuvent réduire les coûts indirects de nettoyage pour les collectivités. Il faut néanmoins nuancer le côté « écologique » du recyclage lui-même car, comme le dénonce l’association Zerowaste France, il faut ajouter de la matière vierge aux granulés obtenus pour refaire de la matière première, et les nouveaux objets en plastique produits risquent eux-mêmes de finir en décharge.

bac collecte

En finir avec l’usage unique

Cette situation préoccupante est le fruit d’une consommation débridée de ces masques jetables. Après avoir été les premiers remparts contre la contamination au début de la crise sanitaire, les masques en tissu lavables sont désormais peu utilisés, ceci pour des raisons de confort et aussi de sécurité. Pourtant, ils s’avèrent à peine moins protecteurs que les masques chirurgicaux (les masques en tissu de catégorie 1 neufs arrêtent au moins 90 % des particules à partir de 3 microns contre au moins 95 % des particules pour les masques chirurgicaux).
Dans tous les cas, quel que soit le masque que vous utilisez et contrairement aux recommandations des autorités sanitaires, il ne faut pas hésiter à laver vos masques. Même les chirurgicaux sont bien lavables.
 
Le lavage en machine
Comme le mentionne la revue « Que choisir » une étude publiée dans la revue médicale Chemosphere (1) confirme que les masques chirurgicaux peuvent passer jusqu’à 10 fois en machine, et conserver d’excellentes propriétés de filtration et de respirabilité. Laver ses masques fait faire de substantielles économies et limite la débauche de plastique.

La décontamination sous enveloppe
Une autre méthode préconisée par des chercheurs du CNRS consiste à stocker des masques dans des enveloppes en papier pendant une semaine avant de les réutiliser.
Cette « technique des enveloppes » suffirait, dans la majorité partie des cas, à « éliminer toute trace éventuelle du coronavirus sur un masque déjà porté et réduirait drastiquement le nombre de masques à acheter.

Acheter des masques « made in France »

A la pollution engendrée par les masques jetables, évitons d’ajouter la pollution due à l’importation de masques fabriqués en Chine. Plusieurs fabricants produisent des masques en France. Ils se sont lancés dans cette production à l’appel du gouvernement pour répondre à la crise sanitaire, mais ne sont pas récompensés de leurs efforts. En effet, les importations asiatiques ont repris et la filière française produit aujourd’hui 90% de masques FFP2 en moins qu’au plus fort de la crise, et 50% en moins de modèles chirurgicaux.  Ainsi La Coop des masques installée à Guingamp en Bretagne a récemment frôlé le dépôt de bilan faute de suffisamment de commandes de la part des collectivités, des hôpitaux et des particuliers. Ses masques coûtent en effet 3 à 4 centimes de plus que les masques des concurrents chinois… Quand les beaux discours sur la relocalisation ne sont pas suivis des actes…

Merci de vos retours sur vos usages des masques et vos techniques de ré-utilisation en commentaires de cet article ou en nous contactant par mail à l’adresse :  infos@collectifcitoyenherbeys.fr



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