Une nouvelle étude parue dans la revue « Science of The Total Environment » s’est intéressée au contenu digestif des larves de frelons asiatiques pour estimer l’ampleur de son impact sur la biodiversité. Grâce à une analyse approfondie des contenus digestifs larvaires, réalisée par séquençage ADN sur plus de 1500 échantillons provenant de France, d’Espagne, du Royaume-Uni et de l’île de Jersey, les chercheurs ont mis en évidence un spectre de prédation bien plus large que ce qui avait été documenté jusqu’à présent. Ils y ont décelé la présence de près de 1500 espèces différentes !
Les chercheurs de l’université d’Exeter ont mis en garde contre le risque d’une grave dégradation de nos écosystèmes. De nombreuses espèces chassées par le frelon asiatique sont en effet d’importants pollinisateurs des cultures : parmi les 50 espèces les plus prédatées par le frelon asiatique, 43 sont des pollinisateurs. Si les abeilles domestiques sont les plus consommées, d’autres espèces payent également un lourd tribu à l’expansion du frelon asiatique : guêpes, mouches , coléoptères, araignées, mais aussi des bourdons sauvages, des papillons… Sachant qu’un nid produit des milliers d’individus sur une saison (et qu’ils consomment entre 11kg et 20 kg d’insectes), l’impact sur la biodiversité est collossal.
Tout ceci laisse présager un effet délétère sur la pollinisation des cultures et des plantes sauvages. Par ailleurs, la prédation sur des insectes décomposeurs, tels que certaines mouches nécrophages, pourrait perturber les cycles naturels de dégradation de la matière organique.
Un éclairage nouveau et alarmant sur les conséquences écologiques de l’expansion du frelon à pattes jaunes
Peter Kennedy de l’université d’Exeter déclare que « cette étude fournit des preuves importantes de la menace que représentent les frelons asiatiques à mesure qu’ils se répandent en Europe, accentuant le déclin des pollinisateurs, déjà menacés par la destruction des habitats et la pollution ».
Des preuves que ce fléau n’est pas juste un problème d’apiculteurs, mais que c’est bien une menace pour l’ensemble des pollinisateurs et qu’il est indispensable de détruire tous les nids détectés à l’automne. Le piégeage de printemps, s’il est très sélectif, est aussi une arme pour lutter contre la dissémination des nids.
Une première bonne nouvelle
Le Parlement français a enfin adopté le 6 mars 2024 une proposition de loi visant à lutter contre la prolifération du frelon à pattes jaunes ou frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax). Cette initiative vise à coordonner les efforts de lutte contre cette espèce invasive. Le plan prévoit notamment une meilleure allocation des financements pour la recherche, une aide financière aux collectivités locales pour la destruction des nids, ainsi que la mise en place d’un système d’indemnisation pour les apiculteurs dont les ruches ont été décimées par les frelons asiatiques. Ce plan national sera décliné en plans départementaux sous l’autorité des préfets, en collaboration avec les maires. Nous attendons maintenant la mise en application de cette nouvelle loi qui malheureusement arrive bien tardivement.