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La face cachée du recyclage (émission « Sur le front » du 26 avril 2021 sur France 5)

Face cachée recyclage
Crédit photo © Winter Productions.
Auteure : J. De Cesaris
Pour ceux qui l’auraient raté, nous vous recommandons le dernier épisode de l’émission « Sur le Front » diffusé le 25 avril sur France 5, qui est encore disponible en ligne (jusqu’au 24 juin 2021). Cette enquête édifiante menée par le journaliste Hugo Clément nous dévoile la face cachée du recyclage de nos déchets plastiques. Elle nous montre où finissent vraiment ces déchets et nous emmène à la rencontre de citoyens et citoyennes qui se mobilisent contre la pollution générée par le plastique jetable.

Comme une majorité d’Herbigeois, nous essayons d’agir à notre niveau en triant rigoureusement nos déchets et nous déplorons souvent la saturation des bacs de tri d’emballages installés sur la place du village. Mais, comme le démontre ce reportage, il est clair que le recyclage c’est loin d’être la panacée :

  • le taux de recyclage est très insuffisant (pour rappel, seulement 25% des déchets plastiques sont recyclés en France contre 50% en Allemagne)
  • une toute petite fraction du plastique est réellement recyclée et une grande partie finit dans les océans.
    Chaque minute c’est l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de déchets plastiques qui se déverse dans la mer. Les conséquences sont désastreuses sur les écosystèmes, les animaux et les humains. On avalerait ainsi l’équivalent d’une carte de crédit par semaine !
  • Les techniques de recyclage du plastique restent très limitées. En effet, si les pots de yaourt servent à fabriquer des cintres, ce n’est pas véritablement du recyclage, puisque ces cintres ne seront pas eux-mêmes recyclables.
    Seules les bouteilles d’eau transparentes (en PET) sont réellement recyclées et deviennent de nouvelles bouteilles d’eau mais le procédé ne peut être répété que 3 à 4 fois d’affilée; au-delà le plastique n’est plus recyclé.

Des séquences saisissantes :

Des habitants des grandes villes se mobilisent contre les incinérateurs
Kris est membre du collectif 3R (Réduire-Réutiliser-Recycler) à Ivry-sur-Seine. Elle constate depuis sa terrasse située à 250 mètres d’un incinérateur de fortes émissions de polluants toxiques (dioxines bromés, arsenic, ammoniac) et alerte sur les risques d’explosion. Équipée d’un capteur qui analyse les particules fines, elle surveille avec attention les données recueillies.
Près de 65 % de nos poubelles finissent ainsi brûlées à plus de 800 degrés.
Une solution désastreuse dénoncée par ces militants du collectif 3R. Non seulement, des gaz toxiques sont rejetés dans l’atmosphère mais il y a pire : 25 % des déchets ne brûlent pas et sont réutilisés comme remblais, sous le bitume, dans les chantiers routiers. Ainsi sans le savoir nous roulons sur nos déchets.
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Les cendres de nos incinérateurs finissent dans des mines de sel d’Allemagne !

Indésirables sur notre territoire, les poussières toxiques de nos incinérateurs de déchets sont expédiées chez nos voisins allemands. Les résidus des déchets brulés sont enfouis dans d’anciennes mines de sel en Allemagne pour soutenir des galeries.  Mais ces galeries peuvent s’effondrer et contaminer les nappes phréatiques voisines. Un héritage honteux que nous laissons aux futures générations.

Du polystyrène dans l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône)

Il semble de loin que des pierres recouvrent entièrement une partie de l’étang. Mais en réalité, il s’agit d’énormes morceaux de polystyrène. Des militants nettoyeurs doivent se frayer un chemin en kayak pour les approcher.
Les membres de l’association Opération Mer Propre effectuent également des prélèvements d’eau de mer dans le Var et découvrent une multitude de boules de polystyrène en suspension.

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L’extension de l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde au Kenya

La décharge de Dandora ne cesse de s’étendre alors qu’elle se trouve déjà aux portes des écoles et des bidonvilles. Le plastique y brûle à ciel ouvert au mépris de la santé des habitants et du bétail. Des Kenyans se battent aujourd’hui pour ne pas devenir la poubelle des plastiques usagés des pays riches (la Chine ayant fermé ses portes aux déchets occidentaux).

Un espoir :  l’enzyme qui permet de recycler le plastique

Une bonne nouvelle dans cet état des lieux déprimant : les chercheurs de l’entreprise française Carbios ont développé une nouvelle enzyme qui permet de recycler sans fin les bouteilles plastiques.

 

Que fait le gouvernement face à cette situation? Que font les industriels ?

Le recyclage, s’il est indispensable pour une bonne gestion des déchets, ne doit pas devenir un écran de fumée qui fait oublier l’impératif de réduction de ces déchets. Comme dit le nouvel adage : « Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ».
Le gouvernement a proposé dans sa « loi anti-gaspillage pour une économie circulaire » la fin des plastiques à usage unique en… 2040 ! Il ne devra plus y avoir de plastique dans nos tubes de dentifrice, nos shampoings, nos bidons de lessives, etc. Mais on peut douter de l’engagement des industriels dans cette démarche de réduction du plastique. En effet on voit déjà comment ils s’affranchissent des interdictions récentes sur les sacs plastiques alimentaires ou sur les couverts en plastique.

La parade des industriels à la suppression des sacs plastiques  jetables c’est de produire des sacs (toujours jetables) 5 fois plus épais !

Que pouvons nous faire ?

Nous avons tous une responsabilité, il ne faut pas le nier. Nous pouvons refuser d’acheter les produits à usage unique et ceux qui sont sur-emballés ou inutilement emballés, acheter directement aux producteurs via les Amaps, les groupements d’achats de produits locaux…

A Herbeys, nous avons la chance d’avoir un magasin de producteurs bio qui propose de nombreux produits en vrac (lait, yaourts, pâtes, etc.). Et aujourd’hui même les supermarchés se mettent au vrac.

Notre déxintoxication au plastique suppose aussi de reconsidérer de nombreuses habitudes de consommation et notre rapport au « jetable ».  Il s’agit de remplacer progressivement et partout où c’est possible les matières plastiques : dans nos emballages, nos ustensiles, nos brosses à dent, etc.  Nous pouvons tous faire évoluer nos pratiques.

Mais n’oublions pas que le consommateur ne peut pas tout !  Les industriels doivent changer leur manière de travailler. Quant aux politiques, il faut qu’ils mettent en place des lois plus contraignantes. Sinon, on ne s’en sortira jamais.

Nous  vous invitons à partager vos idées et expériences dans votre démarche de réduction de vos déchets en postant un commentaire à cet article ou en nous écrivant à l’adresse du collectif :

infos@collectifcitoyenherbeys.fr

Pour visualiser l’enquête complète c’est ici :« Sur le Front » La Face cachée du recyclage » (il est nécessaire de se créer un compte sur le site de France TV ) ou bien à la télévision en replay.

L’émission est disponible jusqu’au 24/06/2021 .

1 commentaire pour “La face cachée du recyclage (émission « Sur le front » du 26 avril 2021 sur France 5)”

  1. La seule solution , c’est de boycotter les emballages …soit on achète en vrac, et on se dispense d’acheter de l’eau en bouteilles ( une aberration à Herbeys où l’eau de Belledonne est excellente !) soit on achète d’occasion, ou pas du tout … des choses inutiles. Sobriété dans la consommation … avenir de nos descendants .

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